vendredi 5 avril 2019

Aristée.



Petites excursions dans l’histoire et les légendes de l’apiculture.

Reprise de textes parus dans le bulletin d’information de l’ASAD44 sur l’histoire de l’apiculture. Car c’est la connaissance de l’histoire qui nous permet de comprendre la situation présente et comment on y est arrivée…

         L’apiculture d’aujourd’hui est le résultat d’un long cheminement de la relation homme-abeilles à travers l’histoire, et même la préhistoire. Sans aller chercher si loin, arrêtons-nous quelques temps sur un personnage clef de cette histoire, Aristée, que celui-ci ait d’ailleurs une origine historique ou qu’il ne soit qu’un mythe.

         La mythologie grecque nous apprend que Zeus, le père des dieux, fut transporté, bébé, sur le Mont Ida, où il fut élevé par les nymphes et nourri au lait de la chèvre Amalthée et aussi par le miel des abeilles, grâce aux soins de Melissa, la fille de Melissos roi de Crète. Plus tard, Zeus transforma cette jolie nymphe en abeille. Ainsi naquit le culte de la déesse-abeille Melissa. Mais jusque-là, rien ne nous parle d’apiculture, d’élevage des abeilles, car les abeilles du Mont Ida, toutes célèbres qu’elles sont, n’habitaient peut-être pas encore une ruche…

         Le personnage d’Aristée, fils du dieu Apollon et de la nymphe Cyrène, est le symbole même de l’art pastoral et agricole qu’il est censé avoir enseigné aux hommes. Et ce n’est pas rien : l’élevage et l’art du caillage, la culture de la vigne, de l’olivier, et bien sûr, l’élevage des abeilles. Toute la culture méditerranéenne en quelque sorte… C’est aussi à lui qu’on attribue l’art du mélange du miel et du vin, technique qui perdurera pendant des siècles et qui permettait aux anciens de conserver le produit de la vigne tout en l’enrichissant de plantes médicinales et aromatiques. 

         La mythologie nous raconte également que, tombé amoureux d’Eurydice le jour même de son mariage avec Orphée, Aristée la poursuivit (« de ses assiduités » comme on le disait joliment) dans les verts pâturages, où la belle dryade, dans sa fuite, mit malencontreusement le pied sur un serpent et mourut. Les nymphes, pour se venger, tuèrent toutes les abeilles du pauvre Aristée. Sur les conseils de sa mère, il se rendit près du devin Protée, qui lui conseilla d’immoler quatre taureaux et autant de génisses, afin d’apaiser le courroux des mânes d’Eurydice. Des entrailles des taureaux s’échappèrent alors des essaims d’abeilles qui lui permirent de repeupler ses ruches. A l’époque, Pasteur était encore loin, et on croyait encore dur comme fer à la génération spontanée. De là l’étymologie « apis » pour le taureau et pour l’abeille. 
Aristée pleurant ses abeilles (Musée d'Art de Nantes).

         Selon la légende, Aristée visita ensuite de nombreuses contrées de Méditerranée où il fut, jusqu’à il y a peu, honoré comme un dieu, notamment en Sicile et en Sardaigne. Il est souvent représenté comme un jeune berger portant un agneau sur ses épaules. Le bon pasteur, ce serait lui ?... Toujours est-il que nous, apiculteurs, lui devons tous un peu quelque chose, non ? Car sans lui, nos paillons seraient encore vides ! 

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