mercredi 26 juin 2019

Zone de protection de la loque américaine autour de Vigneux, Orvault et Sautron.

Nous vous avions alerté en mai dernier sur la découverte d'un foyer de loque américaine dans le secteur de Vigneux de Bretagne, Orvault et Sautron.
Vous trouverez ci-dessous la carte de la région avec une zone rouge de protection fournie par les services de l'Etat, suite à l'arrêté préfectoral du 22 mai.


cliquez sur l'image pour l'agrandir !


Au cas où vous auriez un rucher dans cette zone, et que vous n'auriez pas encore été averti par la DDPP*, nous vous invitons à prendre contact avec eux au plus vite (voir numéro ci-dessous).
Tout mouvement de ruche est interdit dans cette zone jusqu'à levée de l'arrêté. 
Pour rappel, la loque américaine est une maladie contagieuse grave des abeilles, classée en danger sanitaire de catégorie 1 dont le traitement est pris en charge par l'état. Sa déclaration est obligatoire et conduit à la prise de mesures destinées à assainir et à bloquer l'expansion de la maladie.
Est-il utile de rappeler également que la loque américaine n'est pas une maladie honteuse, mais que son éradication dépend d'une responsabilité collective. 

* DDPP : Direction Départementale de la Protection des Populations : 02 40 08 86 55. 

FR3 : reportage sur la formation apicole dans la région.



lundi 24 juin 2019

Ruche bourdonneuse : mode d’emploi.



         Une ruche bourdonneuse n’est pas une colonie d’abeilles qui bourdonne ou qui a le bourdon, mais une colonie d’abeille qui ne produit que des mâles d’abeilles, les faux-bourdons.



Pourquoi une colonie devient bourdonneuse ?

         Une colonie devient bourdonneuse lorsque, en absence de leur reine (et donc des phéromones qui inhibent la production d’œufs dans les ovaires de certaines abeilles ouvrières), celles-ci se mettent à pondre. Mais n’ayant pas été fécondées par des mâles et en absence de spermathèque, ces ouvrières ne produisent que des œufs de faux-bourdons. C’est donc la mort de la colonie à plus ou moins brève échéance si l’apiculteur n’intervient pas.



Dans quels cas la colonie devient elle bourdonneuse ?

         A n’importe quel moment de l’année une reine peut mourir, accidentellement ou non. Et si elle ne laisse pas, à ce moment-là, des œufs ou des larves de moins de trois jours, les abeilles ne peuvent plus la remplacer. C’est également le cas après un essaimage, si les reines à naître essaiment à nouveau, ou si la reine ne revient pas de son vol de fécondation. C’est aussi parfois le cas d’essaims artificiels ratés, les abeilles n’ayant pas élevé de reine à temps.



Comment reconnait-on une ruche bourdonneuse ?

         L’absence de plaques de couvain d’ouvrière ne suffit pas pour décréter qu’une ruche est bourdonneuse. Il peut s’agir d’une rupture momentanée de ponte, ou d’une jeune reine n’ayant pas encore débuté sa ponte. En cas de doute dans ce cas, l’apport d’un cadre de jeune couvain d’une ruche voisine saine en position centrale vous pourra être utile. S’il s’agit bien d’une absence normale de ponte en présence d’une reine, cela ne gênera en rien et ne fera que renforcer la colonie. Mais si la colonie était bien orpheline (mais pas encore bourdonneuse), les abeilles pourront alors de nouveau élever une reine, et tout rentrera rapidement dans l’ordre. Vous aurez fait alors un remérage par apport de jeune couvain. Par contre, si des ouvrières ont déjà commencé à pondre, elles n’accepteront pas d’élever une nouvelle reine.  

         Une colonie bourdonneuse se reconnait donc en premier lieu par la présence anarchique de ponte disséminée, à raison de plusieurs œufs par cellules. Ensuite, et plus aisément, on reconnait alors çà et là les cellules de couvain de mâle, toujours en absence, bien sûr, de couvain d’ouvrières.




Que faire en cas de colonie bourdonneuse ?

         Tout dépend en premier lieu de la saison. Plus vous serez avancés dans la saison, plus ce sera difficile, puisqu’il vous faudra des mâles pour féconder la future reine. Passé les premiers jours d’août, ce sera donc très aléatoire. En second lieu, il faut que la population de la colonie soit encore suffisamment forte. On pourrait ajouter à cela un autre impératif : disposer d’un emplacement sécurisé pour la manœuvre décrite ci-dessous. Comme vous le verrez, ce sera plus compliqué en zone urbaine !

         Si ces critères sont toutefois réunis, voilà comment procéder :

         - emportez la ruche en pleine journée à bonne distance de son emplacement initial, soit dans l’idéal entre 50 et 500 mètres.

- étalez un drap sur le sol à côté de la ruche et brossez les cadres un à un sur celui-ci. Le but est de vider complètement la caisse de toutes ses abeilles.

- remettez chaque cadre à son emplacement dans la ruche, refermez là et retournez en direction du rucher.

- arrêtez-vous à mi-chemin au moins une fois pour contrôler qu’il ne reste pas une seule abeille. C’est bien rare de ne pas en retrouver quelques-unes.

- arrivé au rucher, vous devez être certain de ne rapporter aucune abeille dans la ruche que vous allez remettre à son emplacement initial. La plupart des abeilles y seront de retour avant vous à vous attendre. Laissez-les entrer.

- ôtez un cadre de la ruche et mettez-y un cadre de couvain ouvert (avec des œufs) d’une ruche saine voisine.

- retournez récupérer votre drap. Vous y trouverez probablement toutes les abeilles pondeuses qui seront incapables de rejoindre la ruche en vol du fait du poids de leurs ovaires. Vous vous serez ainsi débarrassé de l’unique empêchement du remérage !

- vous n’aurez plus alors qu’à vérifier, après quelques jours, la présence de cellule(s) royale(s), puis du retour de la ponte et du couvain d’ouvrière.



Que faire d’une colonie bourdonneuse « irrécupérable » ?

         S’il est trop tard dans la saison, ou si la colonie est trop faible mais toutefois ne présente pas de symptômes pathogènes, vous pouvez la réunir, la « recycler » avec une autre colonie. Voilà comment procéder :

         - retirez le toit et le couvre-cadre de la colonie receveuse et étalez deux feuilles de papier journal afin de couvrir tout le dessus.

- placez-y ensuite en direct (sans le plateau !) la colonie bourdonneuse.

- refermez le tout. Les deux colonies se réunirons en douceur (le temps de percer le papier) et la colonie réceptrice pourra se renforcer en récupérant les ouvrières et les provisions.

- si nécessaire, au bout de quelques jours, replacez la colonie bourdonneuse au-dessus du couvre-cadre ouvert de la colonie réceptrice, puis grattez les opercules de miel pour faciliter et accélérer leur descente dans la ruche d’en bas.

- récupérez les cadres vides en bon état en les conservant avec les hausses dans un lieu aéré afin d’éviter la fausse teigne. Ces cadres pourront servir l’an prochain pour des essaims ou des ruches pièges.

Rien ne se perd, tout se transforme, comme disait Lavoisier !

mercredi 19 juin 2019

Cours d’apiculture : s’entraîner à marquer les reines avec des faux-bourdons.



         Marquer ses reines n’est pas une obligation, mais cela peut être très pratique dans certaines manipulations. Et puis, cela permet de connaitre l’âge du capitaine !

Oui mais voilà, lorsqu’on est débutant en apiculture, la main tremble… On a peur de se rater ! Pour ma part, je me souviens encore de ma première fois, et je vous jure que ce n’était pas une réussite… Si, si, je parle bien du marquage d’une reine d’abeille !

         Entrainons-nous donc avec le marquage des mâles. C’est ce qu’on fait les stagiaires du rucher-école à Orvault il y a quelques jours.

         Rassemblons d’abord le matériel :

- une pince pour saisir la reine,

- une cage à piston,

- de la peinture spéciale. 



         Une fois un mâle attrapé avec la pince, le mettre dans le creux de sa main. Attention ! Habituez-vous à travailler sans gant et avec des mains sèches et propres, afin de passer en sécurité le futur couronné dans la cage à piston. 

J'avais dit "sans gants" ! Vous comprenez pourquoi ?


         Faites-le retomber ensuite sur la mousse du piston pour pouvoir présenter son thorax en face d’un espace entre les mailles, sans trop appuyer. J’ai bien dit le thorax ! Pas la tête ni l’abdomen !



         Passer doucement le pinceau, puis relâchez un peu le piston. Laissez le temps à la peinture de sécher. Réintroduire une reine trop vite après marquage pourrait lui être fatal, les abeilles pouvant ne plus reconnaitre l’odeur de leur reine. 



         Relâcher doucement votre mâle marqué sur le haut des cadres de la ruche. Regardez comme il est fier…

         Recommencez l’opération autant de fois que vous voudrez, jusqu‘à ce que vous soyez vraiment au point pour passer enfin au marquage d’une vrai reine.    

Fin de l’alerte famine ?

Début juin : les boutons floraux de la ronce encore fermés !
         Avec plus d’un mois de retard, la ronce est maintenant en pleine floraison. C’est également le cas des tilleuls. Et les châtaigniers vont bientôt suivre…

         Restons tout de même très prudents avec les colonies faibles, celles qui n’ont aucune réserve de miel au-dessus des cadres de couvain ! Suivant les cas et suivant les secteurs, il faut donc contrôler et surveiller…

         Espérons que la pluie tombée en abondance permettra de sauver l’année apicole. Mais il faudrait maintenant un peu de chaleur (sans chaleur, peu de nectar), mais pas de trop non plus afin de ne pas griller les fleurs.

         J’ai eu des échos d’un débat sur le thème : faut-il nourrir les abeilles en période de crise, les abeilles ayant besoin de notre aide n’étant finalement pas adaptées à leur environnement ?

         A cette question, je ferai une réponse de Normand : oui, et non…   Et je remettrai surtout la question dans le bon sens : faut-il importer, acheter, élever, reproduire des colonies qui ne sont pas en adéquation avec leur milieu ?  Voilà par où il faudrait commencer. Quant à laisser en souffrance et mourir de faim des colonies, je n’irai certes pas sur ce terrain-là…    

Mi-juin : enfin les fleurs !
La ronce est une des principales sources de nectar dans notre région.

mardi 4 juin 2019

2019, année exceptionnelle : sauvetage de colonies.




Ce début d’année 2019 est vraiment bizarre !

Si vous comparez ces deux photographies prises dans le même rucher, l’une en mars   et l’autre fin mai,

Que remarquez-vous ?

Le premier cadre :

1-    Chargé en couvain fermé, miel sur le haut du cadre, pollen entre miel et couvain

2-    Les abeilles occupées à travailler

Conclusion : un très beau cadre, comme on devrait en trouver dans toutes les ruches.

Le deuxième cadre :

1-    Ponte sur toute la surface du cadre, pas de miel ni de pollen, les abeilles enfoncées dans les alvéoles pour récupérer le si peu de miel. J’ai trouvé certain cadres remplis à 95 % voire 100% de couvain : étonnant !

Remarques : Nature trop généreuse ? Ponte exagérée de la reine ? Manque de nectar, de pollen ?

Vers le 20 février, température extérieure dans la journée de 18°. J’ai commencé à ouvrir les ruches, certaines ruches étaient sur trois, quatre, voire cinq cadres de couvain, bonne réserve en nourriture et en pollen ; donc tout allait pour le mieux.

Début mars, toujours le même temps, beau et agréable, j’ai commencé à remplacer les cadres usagés par des nouveaux cadres avec des feuilles neuves et entièrement cirées.

Fin mars, les faux-bourdons étant en train d’éclore, les premières divisions pouvaient commencer.

La météo étant en avance d’un mois par rapport aux autres années, c’était certainement prématuré, (la tentation de l’apiculteur c’est d’être en avance sur la nature) mais bon, le résultat fut à la hauteur, les nouveaux essaims avaient très bien démarré, tout allait bien !

Début avril, avec les stagiaires du rucher-école, nous avons ouvert les ruches. Nous le faisons une fois par semaine pour suivre l’évolution de nos nouvelles colonies et suivre celles que nous avons divisées. Rien à dire, bon développement. Mise en place des hausses sur les ruches de production avec grille à reines sur la première hausse.

Avril :  le temps change, beau temps dans la journée mais nuit très froide, j’avais déjà remarqué sur une ruche en production la montée de la colonie dans la première hausse ; quand j‘ai ouvert j’ai constaté la disparition de toute activité dans le corps de ruche, des abeilles en quantité sans aucune nourriture, la reine montée dans la hausse pondait merveilleusement bien sur toute la surface des cadres.

Fin avril : c’est le temps de l’essaimage, trois ruches en production ont essaimé, de très gros essaims sont sortis de ces ruches, après récupération, enruchés et nourris, j’ai surveillé leur développement ainsi que les ruches qui ont essaimé.

Début mai : avec le rucher-école, nous avons constaté : des ruches très populeuses, aucune ponte dans les ruches essaimeuses, rien dans les nouveaux essaims, pas de couvain et pas de miel. Nous nous retrouvions avec des cadres de corps complètement vides ! Il nous faut attendre fin mai que le temps change, pour que la nouvelle reine se mette à pondre.

Pour les jeunes colonies, le développement posait moins de problème étant donné qu’elles étaient nourries mais ralenties par le temps froid.

Dans toutes les ruches non nourries, les reines avaient cessé de pondre !

J’ai remarqué aussi une agressivité croissante des abeilles ! Impossible d’ouvrir sans être attaqué !

Devant certaines ruches, j’ai constaté un tapis d’abeilles sur le sol et sur d’autres, la porte de la ruche encombrée de faux-bourdons morts. Je pouvais en remplir mes deux mains.

Au cours du mois de mai, j’ai ouvert plus d’une centaine de ruches : même constat. Les apiculteurs n’ont jamais rencontré ce problème de disette à cette période de l’année ; en août, si par manque d’eau, mais au mois de mai, jamais !

J’ai retiré sur toutes les ruches, les hausses, et demandé à chaque apiculteur de nourrir ses colonies, toutes les semaines. Nous avons ouvert les ruches et avons constaté plusieurs changements :

1-    Agressivité en diminution, voire pas d’agressivité.

2-    Reprise de la ponte des reines.

3-    Retour du miel et du pollen sur le haut de tous les cadres.

Une nette amélioration avec le retour de la température positive de 10° la nuit.

En conclusion, je dirais qu’il est important de suivre l’évolution de ses colonies au cours des premiers mois.

La saison apicole démarre début février et se termine fin juillet/août, globalement six mois ; le temps est précieux. De la cellule royale à la naissance des premières abeilles, il se passe 51 jours environ. Avec les élèves du rucher, nous avons essayé de rééquilibrer la population d’abeilles entre les ruches, complété aussi en rajoutant des cadres de miel. Que de travail cette année !  Résultat : aucune perte de colonies et dans une dizaine de jours nous pourrons remettre les hausses et espérer une bonne récolte de miel.

Si en avril nous avions un mois d’avance le mois de mai nous le fit perdre.



Antoine.