lundi 24 juin 2019

Ruche bourdonneuse : mode d’emploi.



         Une ruche bourdonneuse n’est pas une colonie d’abeilles qui bourdonne ou qui a le bourdon, mais une colonie d’abeille qui ne produit que des mâles d’abeilles, les faux-bourdons.



Pourquoi une colonie devient bourdonneuse ?

         Une colonie devient bourdonneuse lorsque, en absence de leur reine (et donc des phéromones qui inhibent la production d’œufs dans les ovaires de certaines abeilles ouvrières), celles-ci se mettent à pondre. Mais n’ayant pas été fécondées par des mâles et en absence de spermathèque, ces ouvrières ne produisent que des œufs de faux-bourdons. C’est donc la mort de la colonie à plus ou moins brève échéance si l’apiculteur n’intervient pas.



Dans quels cas la colonie devient elle bourdonneuse ?

         A n’importe quel moment de l’année une reine peut mourir, accidentellement ou non. Et si elle ne laisse pas, à ce moment-là, des œufs ou des larves de moins de trois jours, les abeilles ne peuvent plus la remplacer. C’est également le cas après un essaimage, si les reines à naître essaiment à nouveau, ou si la reine ne revient pas de son vol de fécondation. C’est aussi parfois le cas d’essaims artificiels ratés, les abeilles n’ayant pas élevé de reine à temps.



Comment reconnait-on une ruche bourdonneuse ?

         L’absence de plaques de couvain d’ouvrière ne suffit pas pour décréter qu’une ruche est bourdonneuse. Il peut s’agir d’une rupture momentanée de ponte, ou d’une jeune reine n’ayant pas encore débuté sa ponte. En cas de doute dans ce cas, l’apport d’un cadre de jeune couvain d’une ruche voisine saine en position centrale vous pourra être utile. S’il s’agit bien d’une absence normale de ponte en présence d’une reine, cela ne gênera en rien et ne fera que renforcer la colonie. Mais si la colonie était bien orpheline (mais pas encore bourdonneuse), les abeilles pourront alors de nouveau élever une reine, et tout rentrera rapidement dans l’ordre. Vous aurez fait alors un remérage par apport de jeune couvain. Par contre, si des ouvrières ont déjà commencé à pondre, elles n’accepteront pas d’élever une nouvelle reine.  

         Une colonie bourdonneuse se reconnait donc en premier lieu par la présence anarchique de ponte disséminée, à raison de plusieurs œufs par cellules. Ensuite, et plus aisément, on reconnait alors çà et là les cellules de couvain de mâle, toujours en absence, bien sûr, de couvain d’ouvrières.




Que faire en cas de colonie bourdonneuse ?

         Tout dépend en premier lieu de la saison. Plus vous serez avancés dans la saison, plus ce sera difficile, puisqu’il vous faudra des mâles pour féconder la future reine. Passé les premiers jours d’août, ce sera donc très aléatoire. En second lieu, il faut que la population de la colonie soit encore suffisamment forte. On pourrait ajouter à cela un autre impératif : disposer d’un emplacement sécurisé pour la manœuvre décrite ci-dessous. Comme vous le verrez, ce sera plus compliqué en zone urbaine !

         Si ces critères sont toutefois réunis, voilà comment procéder :

         - emportez la ruche en pleine journée à bonne distance de son emplacement initial, soit dans l’idéal entre 50 et 500 mètres.

- étalez un drap sur le sol à côté de la ruche et brossez les cadres un à un sur celui-ci. Le but est de vider complètement la caisse de toutes ses abeilles.

- remettez chaque cadre à son emplacement dans la ruche, refermez là et retournez en direction du rucher.

- arrêtez-vous à mi-chemin au moins une fois pour contrôler qu’il ne reste pas une seule abeille. C’est bien rare de ne pas en retrouver quelques-unes.

- arrivé au rucher, vous devez être certain de ne rapporter aucune abeille dans la ruche que vous allez remettre à son emplacement initial. La plupart des abeilles y seront de retour avant vous à vous attendre. Laissez-les entrer.

- ôtez un cadre de la ruche et mettez-y un cadre de couvain ouvert (avec des œufs) d’une ruche saine voisine.

- retournez récupérer votre drap. Vous y trouverez probablement toutes les abeilles pondeuses qui seront incapables de rejoindre la ruche en vol du fait du poids de leurs ovaires. Vous vous serez ainsi débarrassé de l’unique empêchement du remérage !

- vous n’aurez plus alors qu’à vérifier, après quelques jours, la présence de cellule(s) royale(s), puis du retour de la ponte et du couvain d’ouvrière.



Que faire d’une colonie bourdonneuse « irrécupérable » ?

         S’il est trop tard dans la saison, ou si la colonie est trop faible mais toutefois ne présente pas de symptômes pathogènes, vous pouvez la réunir, la « recycler » avec une autre colonie. Voilà comment procéder :

         - retirez le toit et le couvre-cadre de la colonie receveuse et étalez deux feuilles de papier journal afin de couvrir tout le dessus.

- placez-y ensuite en direct (sans le plateau !) la colonie bourdonneuse.

- refermez le tout. Les deux colonies se réunirons en douceur (le temps de percer le papier) et la colonie réceptrice pourra se renforcer en récupérant les ouvrières et les provisions.

- si nécessaire, au bout de quelques jours, replacez la colonie bourdonneuse au-dessus du couvre-cadre ouvert de la colonie réceptrice, puis grattez les opercules de miel pour faciliter et accélérer leur descente dans la ruche d’en bas.

- récupérez les cadres vides en bon état en les conservant avec les hausses dans un lieu aéré afin d’éviter la fausse teigne. Ces cadres pourront servir l’an prochain pour des essaims ou des ruches pièges.

Rien ne se perd, tout se transforme, comme disait Lavoisier !

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